Konrad Roentgen

(source LES GRANDES ETAPES DE L'IMAGERIE MEDICALE par François TERRIER Ý, Georges TERRIER)

Roentgen est né le 27 mars 1845 à Lennep, petite localité allemande, devenue maintenant un faubourg de la ville de Remscheid, près de Düsseldorf en Rhénanie.
Il restera le fils unique de sa mère, Charlotte Constanze, née Frowein, d'origine hollandaise, et de son père, Friedrich-Conrad, fabricant aisé de tissus et de vêtements.

Peu après sa naissance, ses parents émigrent à Apeldoorn, près d'Utrecht, pour des raisons politiques, semble-t-il. C'est donc en Hollande qu'il grandira et à Utrecht qu'il entrera au gymnase.
En cours d'études, un incident apparemment banal, mais lourd de conséquences, va influencer son avenir. Il est suspecté d'avoir dessiné au tableau noir la caricature d'un de ses professeurs.
Etait-ce lui ou un de ses camarades, qu'il n'a pas voulu dénoncer, on ne l'a jamais véritablement su. On ne badinait pas à l'époque avec le respect de ses supérieurs. Conrad est chassé de l'école, juste avant l'examen de maturité.

Heureusement, un ami suisse des Roentgen, habitant Lutrecht, leur apprend qu'il existe en Suisse l'Ecole Polytechnique de Zurich, qui vient d'être fondée, où l'on peut être admis sans maturité. Il faut toutefois réussir un examen d'entrée assez difficile. Le jeune homme suit des cours privés, se présente à l'examen et le réussit. Dès novembre 1865, Roentgen est donc étudiant à Zurich et loge dans une maison qu'on peut voir encore aujourd'hui "Im Seilergraben 48". Il s'arrête régulièrement dans une brasserie, "Zum Grünen Glas", proche de l'Ecole Polytechnique, où se rencontrent maîtres et étudiants.

Il y fait la connaissance de la fille du patron, Anna-Bertha Ludwig, de 6 ans son aînée, qu'il épousera plus tard, en 1872, et qui sera sa femme pendant 50 ans. Mais Roentgen ne fréquente pas seulement sa Zurichoise. Il suit aussi les cours avec sérieux et obtient en 1868 son diplôme d'ingénieur mécanicien.
Mieux, il est promu, une année plus tard, docteur es sciences de l'Université grâce à une thèse intitulée "Studien über Gase". C'est alors que le professeur de physique expérimentale, August Kundt, l'engage comme assistant.

En 1870, le professeur Kundt est appelé à la chaire de physique de l'Université de Würzburg. Il demande à son élève de l'accompagner avec l'espoir partagé de lui assurer une carrière académique. Une profonde déception attend toutefois Roentgen. Un handicap pèse sur son destin. Il n'a pas de diplôme de maturité.
Le corps professoral de Würzburg lui refuse à l'unanimité le titre de privat-docent, conformément à la loi bavaroise qui n'accorde pas cette promotion à un ingénieur qui n'a pas acquis une formation gymnasiale. Roentgen quitte alors Würzburg pour Strasbourg, université plus tolérante et où il est nommé professeur de physique. Ses travaux et sa renommée grandissante lui valent ensuite une nomination à l'Université de Giessen, en Allemagne.
Enfin, un étonnant repentir pousse l'Université de Würzburg à le rappeler et à lui confier la chaire de physique et la direction de l'Institut de physique. C'est là que le 28 novembre 1895 il découvre les rayons X.

Durant la première semaine après la découverte, Roentgen reçoit plus de 1000 lettres. Plusieurs personnes ne manquent pas de lui suggérer qu'il pourrait devenir très riche en exploitant commercialement son invention. Quelque temps plus tard, Max Levy, un ingénieur de la firme électrique A.E.G., prend contact avec Roentgen pour lui faire part de l'intérêt manifesté par sa compagnie à développer cette nouvelle technologie.
Roentgen lui répond sans hésitation : "Dans la bonne tradition des professeurs d'université allemands, je suis d'avis que les découvertes et inventions appartiennent à l'humanité.
Leur diffusion ne doit en aucun cas être entravée par des brevets, des licences ou des contrats et aucun groupe de personnes ne doit en avoir le monopole.
"

En 1900, Roentgen accepte de devenir professeur de physique à l'Université de Munich et directeur du nouvel Institut de physique.
En 1901, il reçoit le premier prix Nobel de physique. Pour se reposer, loin des honneurs, il passe régulièrement ses congés en Suisse, à Pontresina. Il y retrouve de nombreux amis.
Les époux Roentgen apprécient particulièrement les tours en calèche et se lient d'amitié avec le cocher Emanuel Schmid, de Somvix dans les Grisons, qui à plusieurs reprises, est leur compagnon de randonnée. Mais après ces succès et ces joies arrivent les jours sombres.
En 1918, l'Allemagne perd la première guerre mondiale. Patriote, il est profondément touché par cette défaite. Il est très affecté par la perte de l'Alsace, à laquelle il était attaché depuis son séjour à Strasbourg.
Une année plus tard, en 1919, il ressent cruellement le décès de son épouse, qui s'éteint après une longue maladie causée par des calculs rénaux. En outre, il est ruiné par l'inflation catastrophique qui frappe l'Allemagne de l'après-guerre.
Atteint dans sa santé par un cancer du côlon, il meurt à Munich le 10 février 1923, à l'âge de 78 ans (Eisenberg, 1992; Pallardy et al, 1989 ; Rosenbusch et al, 1994 ; Schedel et Keil, 1995 ; Wieser et al, 1989).